Ma façon de travailler... Isabel Allende
Le 26e livre d’Isabel Allende va bientôt sortir. The Wind Knows My Name est un récit émouvant qui entremêle les récits d’un jeune garçon juif fuyant Vienne occupée par les nazis et d’une jeune fille piégée dans un camp de réfugiés à la frontière américaine, en 2019. Depuis ses débuts en 1982, avec The House Of The Spirits, la romancière primée s’est fait aussi bien connaître par ses efforts humanitaires que par sa production créative constante, qui suscite l’admiration. En 1996, elle a créé sa fondation éponyme pour soutenir l’émancipation des femmes dans le monde entier. Elle vit dans une vieille maison victorienne à Sausalito, en Californie, avec son mari et ses chiens, dans laquelle elle a reçu Service95 pour parler de sa passion démesurée pour le café, des pays qui l’inspirent et de sa pratique quotidienne de la gratitude.
Mes rituels au travail... Je suis super disciplinée. Je commence chacun des livres que j’écris le 8 janvier donc la veille, tout le monde sait que je commencerai le lendemain et que j’ai alors un grand besoin d’espace et de silence.

Ma journée de travail... Je suis debout très tôt. Je me réveille vers 5 h, je me prépare un café et je reste assise dans mon lit pendant au moins une demi-heure, juste pour rassembler mes pensées et être reconnaissante. Et je le suis vraiment, parce que je me suis réveillée dans un lit avec deux chiens et un mari, et aussi parce que ma fenêtre donne sur le lagon et que je vois le soleil se lever juste là, ce qui est incroyable. Ensuite, je fais du sport, ce que je fais tous les jours, et j’écoute aussi du Mozart à la radio. Puis je travaille en silence pendant plusieurs heures, sauf quand je vois mon équipe au déjeuner, et que nous mangeons des sushis ou des plats thaïs. J’avais l’habitude de travailler huit heures sans interruption, mais maintenant je ressens le besoin de voir des gens !

Les lieux qui m’inspirent... Outre le Chili, où je suis née, le Guatemala et l’Inde m’ont laissé une empreinte indélébile. Ils sont tellement pleins de vie, de couleurs et de bruit. Je n’oublierai jamais non plus mon séjour en Afrique, pendant lequel j’ai pu assister à la migration des gnous. Tous ces endroits sont absolument magiques et je les garderai toujours en moi.
Mes lectures... J’écoute des livres audio dans ma voiture. Le dernier en date était Lessons In Chemistry, de Bonnie Garmus, que j’ai vraiment adoré. Mais il y a des écrivain·es que je lis quoi qu’il arrive, par exemple les grand·es écrivain·es montant·es de la littérature latino-américaine, tel·les que Mario Vargas Llosa. Peu importe ce qu’ils ou elles écrivent, je le lis, parce que ça fait partie de mes origines. Je reste également toujours à l’affût des nouvelles et nouveaux écrivain·es latino-américain·es, en particulier les femmes.

Ma tenue au travail... Je ne travaille jamais en pyjama ! Je m’habille comme pour sortir à l’opéra, pour bien marquer une séparation entre mon temps de loisirs et mon temps de travail. Ensuite, je me rends à mon bureau, et les autres sont tous en pantalon de yoga. Je suis la seule à faire un effort ! J’aime les marques comme Etro, et une séance photo récente m’a convaincue de porter des vêtements plus structurés. Pour la première fois de ma vie, je fais des achats chez Carolina Herrera et Gucci, et je me sens si élégante et chic. Mais je reste fidèle à mon parfum de prédilection, que je fabrique moi-même. C’est un mélange d’Eau d’Hadrien, de Goutal, et d’Eau [de Cologne] Imperiale, de Guerlain. J’adore le fait que personne d’autre ne sent comme moi.
Mon remontant... Seulement du café. Encore et toujours du café. Ça horripile mon mari, parce que je dors toujours comme un bébé même après tout le café que j’ai bu.

Comment tout peut être source d’inspiration... Avec mon mari, je regarde la télé tous les soirs et de nombreuses émissions m’inspirent. Nous avons récemment regardé Marie Antoinette, sur la BBC, et j’ai trouvé l’esthétique très inspirante, comme toute cette folie ambiante de l’époque. Hier, nous avons regardé une mini-série norvégienne intitulée War Sailor, qui évoquait les navires norvégiens pendant la Seconde Guerre mondiale, et j’ai trouvé ces événements à la fois si tragiques et si beaux. Puis nous avons visionné le film Emily the Criminal et certaines lignes du script étaient incroyables. Elles risquent de se retrouver dans mon livre, d’une manière ou d’une autre !

Mes sources de motivation... Certaines sont immuables. Je regarde chaque nouveau film d’Almodóvar. Je lis chaque nouveau livre de Kazuo Ishiguro.
Mon conseil carrière... Quelque chose que j’ai entendu de l’autrice Elizabeth Gilbert : ne vous attendez pas à ce que vos écrits vous apportent la célébrité, de l’argent ou soient même publiés. Écrivez parce que vous aimez le processus, parce que c’est une chose merveilleuse, si merveilleuse.
The Wind Knows My Name, d’Isabel Allende, vient de sortir au Royaume-Uni.
Marie-Claire Chappet est une journaliste basée à Londres qui se consacre à l’art et à la culture. Elle est collaboratrice de rédaction pour le Harper’s Bazaar.