Ma façon de travailler... Anissa Kermiche
Dans la série où nous examinons les objets, les lieux et les personnes qui inspirent le travail de créatifs et créatives, Marie Claire Chappet rencontre la créatrice Anissa Kermiche
Anissa Kermiche rencontre un tel succès que, même si vous n’avez pas entendu parler d’elle, vous aurez sans doute vu ses créations en forme de postérieur. Nous faisons bien sûr référence à ses vases baptisés « Love Handles » (poignées d’amour) en forme de derrières, aujourd’hui synonymes de sa marque. Née à Paris, la créatrice franco-algérienne est tout d’abord ingénieure dans l’industrie avant que sa passion ne la mène à Londres où elle se reconvertit au métier de création de bijoux. Fondée en 2016, sa ligne éponyme commence par proposer des pièces de joaillerie innovantes. Depuis, ses accessoires de maison irrévérencieux sont devenus ultra-tendance. Elle s’entretient avec Service95 sur des thèmes comme les pièces roses, les intérieurs qu’elle aime au cinéma et l’importance de ne pas remettre ses rêves à demain...
Son environnement de travail idéal... Au risque de faire un peu diva, j’ai besoin de travailler dans une pièce rose. Et j’en ai deux ! La première est située dans mon bureau de London Bridge, que j’ai décoré pour télétravailler : elle comprend un espace à vivre, une cuisine accueillante, un cinéma pour les soirées film et un espace douillet pour le brainstorming créatif. L’autre est ma chambre. Certaines de mes meilleures idées me viennent en me levant.
Sa playlist de travail... Nous avons une règle au bureau : tous les jours, quelqu’un d’autre fait le DJ. Heureusement que nous avons tous des goûts musicaux similaires ! Sinon cela ne me conviendrait pas, car je suis très pointilleuse côté musique. Mais cela permet tout de même de faire des découvertes… comme une toute nouvelle vague de rappeuses – Ice Spice ou Saweetie – qui chantent sur l’émancipation, l’indépendance et la liberté.
Ses inspirations... Tout ce que je regarde impacte ma créativité. Je suis attirée par la décoration d’intérieur et les palettes de couleur utilisées par les réalisateurs de film. Je n’oublierai jamais la maison incroyable du film Parasite, ou les tons neutres dans Dune. Je suis récemment allée voir Tár et j’ai été stupéfiée par ce loft berlinois – l’architecture brutaliste et les murs en parpaing m’ont simplement époustouflée. J’adore aussi danser. Je suis obnubilée par la chorégraphie et les corps qui évoluent en symbiose, qu’il s’agisse de La Belle au bois dormant au Royal Opera House ou du spectacle donné par Rihanna lors du Super Bowl. Je suis très fière du danseur et chorégraphe français Léo Walk ; il mérite tout à fait son succès.
Le meilleur conseil professionnel qu’elle ait reçu... Mon amie Sabrina Herlory-Rouget, PDG de MAC Cosmetics en France, m’a dit : « Si tu en parles, c’est un rêve, si tu l’envisages, c’est une possibilité, mais si tu le prévois, c’est une réalité. » Ce conseil ne me quitte pas : quoi qu’il arrive dans la vie, si l’on ne se fixe pas un plan d’action pour atteindre ses objectifs, il est facile de les perdre de vue et qu’ils restent à l’état de rêve.
Son bien le plus précieux… Depuis que j’ai lancé mon entreprise, nous avons créé des centaines de modèles. Chaque bijou, chaque objet requièrent tant d’heures de travail, entre le dessin, les mesures, la recherche et les retouches. Il est magique de conserver le moule qui nous permet de refaire une pièce à partir d’une vieille collection lorsqu’un client nous le demande. Je suis fière de consulter nos anciennes créations dans notre bibliothèque ; pour moi, c’est plus important que toute autre possession.
Son œuvre d’art favorite… Un dessin de Lucian Freud que j’ai acheté il y a un an, représentant une jeune femme qui bavarde avec une femme plus âgée. C’est mon côté mûr et sage qui essaie de dompter mon côté naïf et sauvage.
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Marie-Claire Chappet est une journaliste basée à Londres qui se consacre à l’art et à la culture. Elle est collaboratrice de rédaction pour le Harper’s Bazaar
